L’histoire du Valais hydroélectrique en cinq points
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Par Pascal Fauchère
À la fin du XIXe siècle, le Valais est à un moment-clé de son histoire. De nouvelles voies de communication — le tunnel du Simplon en particulier — deviennent réalité. Et surtout, les progrès techniques qui se succèdent démontrent l’intérêt croissant de l’électricité pour la vie courante et l’industrie. Cinq étapes pour mieux appréhender l’histoire de l’hydroélectricité en Valais. Et ses défis.
1. Les premières utilisations industrielles.
Au tournant du XXe siècle, dans le nouvel environnement industriel basé sur la production de produits chimiques et de métaux dont l’aluminium, et sur l’électrification progressive de la société, la technique parle en faveur du Valais. Car pour l’heure, on ne sait pas encore transporter sans pertes l’électricité sur de grandes distances. Qui veut l’utiliser est obligé de s’établir à côté des rivières. Avec ses gigantesques réserves glaciaires, les Alpes disposent d’un atout majeur. Décuplée par la hauteur de chute, la force de l’eau est capable d’actionner des turbines pour approvisionner les industries les plus gourmandes en énergie. C’est ainsi que le Valais hydroélectrique prend forme. En 1897, la Lonza s’installe sur la rivière du même nom à Gampel. Alusuisse vient à Chippis en 1905 et turbine les eaux de la Navizence et, bientôt, celles du Rhône. À partir de 1904, la Ciba utilise les eaux de la Vièze pour ses produits chimiques. Parallèlement, pour assurer l’électrification du Simplon, puis de leur réseau, les CFF exploitent les eaux du Rhône à Massaboden et du Trient à Vernayaz.
2. La mise en réseau de l’électricité.
Les besoins accrus en électricité pour l’industrie, les commerces mais aussi les ménages imposent un regroupement des forces, autrement dit des réseaux de distribution. Energie-Ouest-Suisse, ancêtre d’EOS, est créée en 1919 par les villes et les cantons romands. Et pour assurer l’approvisionnement en électricité de ses actionnaires, la société s’implante en Valais, région susceptible de fournir, en grande quantité, de l’électricité de pointe. La maîtrise de la construction de barrages d’altitude et des chutes d’eau qui en résultent, ouvrent la porte aux premiers ouvrages: Fully (1914-1915), Barberine (1921-1925) ou Dixence (1929-1935). En 1937, les réseaux suisses importants sont interconnectés.
3. L’épopée des grands barrages.
4. La valorisation du patrimoine hydroélectrique.
5. Le Valais a fait et fera partie de la solution.
Dans un monde interdépendant, sujet aux instabilités les plus diverses, les défis sont grands en matière de sécurité d’approvisionnement et de transition énergétique. Grâce à ses atouts que sont l’eau et le soleil, le Valais fait aujourd’hui partie de la solution helvétique à une plus grande indépendance énergétique, notamment en hiver, et à la décarbonation du pays. Depuis plusieurs années, les entreprises actives dans le canton misent sur la production de l’électricité de pointe. Pour cela, elles augmentent considérablement leur capacité au moyen d’investissements gigantesques. À l’exemple de l’aménagement de Cleuson-Dixence, de Nant de Drance pour le pompage-turbinage ou de projets d’extension de la force hydraulique. Fidèles à leur mission, les FMV soutiennent ces développements dans l’intérêt des communes concédantes et du canton. Indigène, propre, durable et flexible, l’énergie produite par l’eau accumulée dans les barrages a un bel avenir devant elle.
Entretien avec Jean-René Papilloud, Président de la société d'histoire du Valais romand
À quand remonte les premières concessions?
Dès les premières exploitations de l’énergie hydroélectrique, à Zermatt, Martigny ou Loèche, les entrepreneurs qui se lancent dans l’aventure obtiennent des autorisations communales. De son côté, le Canton concède les eaux du Rhône au Bois-Noir (Lavey) en 1891. Les transactions se font de gré à gré et en des termes variables. Par souci de cohérence, le Conseil d’Etat émet des directives en 1891 déjà et le Grand Conseil donne un cadre à ces accords avec la loi du 26 juin 1898. Les normes fixées alors ne vont pas changer fondamentalement par la suite. En Valais, le Canton accorde les concessions pour les eaux du Rhône et les communes pour celles des rivières. La Confédération, qui intervient dans le domaine à partir de 1916, laisse une grande marge de manœuvre aux cantons.
Un élément vous a-t-il a surpris concernant les débats sur cette première loi?
L’ensemble de la loi de 1898 est d’une grande modernité. Les législateurs ont le souci de l’avenir et des générations futures. Un député déclare par exemple: «Il y a vingt ans on n’aurait peut-être pas payé 5 centimes par cheval de force. Pouvons-nous maintenant nous rendre compte de ce que vaudront nos forces hydrauliques dans cinquante, dans soixante ans d’ici?» Et l’élu au Grand Conseil de souligner le risque que leurs descendants soient littéralement désespérés de la légèreté de leurs prédécesseurs. Il poursuit en se projetant dans le futur avec cette remarque anticipatrice: «Comment? On a donné pour 1000 fr., pour 500 fr. une concession qui vaut aujourd’hui 15 000. Ah! Que nos ancêtres ont été imprudents de l’avoir cédée à un prix si minime!».
Quels enjeux autour des retours des concessions?
A quelle stratégie répond la loi?
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Revivez l'extraordinaire épopée électrique valaisannes en quelques images
A RETENIR
L’utilisation industrielle de l’hydroélectricité a été favorisée par les réserves glaciaires du Valais et la force de l’eau pour actionner des turbines, attirant des entreprises telles que Lonza, Alusuisse et Ciba.
La mise en réseau de l’électricité a été nécessaire pour répondre à la demande croissante. Energie-Ouest-Suisse (EOS) a été créée pour assurer l’approvisionnement en électricité des industries et des ménages, et des barrages tels que Fully, Barberine et Dixence ont été construits pour cela.
La construction de grands barrages, tels que Cleuson, Salanfe, Grande Dixence et d’autres, a été entreprise pour faire face à la pénurie d’électricité pendant la Deuxième Guerre mondiale, entraînant une période de prospérité avec de nouveaux emplois et des changements significatifs dans la région du Valais.