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25 avril 2023

Quand les centrales valaisannes vendront ensemble leur électricité

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4 minutes

Écran évolution des prix
Par Pascal Fauchère

Produire intelligemment de l’énergie est une chose. Mieux la valoriser en est une autre. La création d’une plateforme de gestion et de commercialisation de l’électricité constitue la clé de voûte du dispositif appelé à générer de la valeur ajoutée en Valais. Voici pourquoi.

« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. » Si l’origine africaine du proverbe prête à discussion, son contenu est un vrai condensé du principe de l’intelligence collective. Ramené sous des latitudes alpines, l’adage conserve toute sa pertinence. En particulier dans le secteur de l’hydroélectricité. On le sait : le concept de l’Usine Hydroélectrique Valais envisage le canton comme un seul bassin versant permettant d’articuler judicieusement les multiples usages de l’eau dont celui de produire de l’électricité. Son objectif est de connecter les 47 principales centrales situées en Valais et de les faire dialoguer afin de les engager aux moments les plus opportuns. Avec, à la clé, une plus-value considérable pour la Suisse et pour le Valais.

L’exploitation d’un barrage et la commercialisation de son électricité, deux activités distinctes, sont pourtant étroitement liées. La conséquence logique, pour ne pas dire naturelle de la mise en œuvre de l’Usine Hydroélectrique Valais, est une gestion et commercialisation commune de l’électricité produite par les aménagements qui la compose. A cet égard, les objectifs de FMV en la matière, fixés par les actionnaires, sont clairs. Le Valais produit aujourd’hui 10 milliards de kWh que chaque partenaire des différents aménagements commercialise pour lui-même, selon ses intérêts propres. Quel sont les avantages d’une valorisation groupée de ces productions ? Ils tiennent en trois points essentiels.

Le Valais, un excellent profil global

Primo, une plateforme commune de gestion et de commercialisation de l’électricité produite dans le canton permettrait d’agréger un portefeuille de production très concurrentiel. Imaginez plutôt : du fil de l’eau, de l’accumulé flexible et du pompage-turbinage ; de la production hivernale, dont la Suisse manque cruellement, et estivale, abondante, utilisée pour pomper les eaux et remplir les barrages dans une complémentarité gagnante avec les productions intermittentes et saisonnières que sont le photovoltaïque traditionnel et l’éolien. Un produit très attractif donc qui répond aux besoins des clients et des marchés suisse et européen. Avec cette double constante : plus le portefeuille de production est important et complémentaire, plus il permet de saisir des opportunités et de réduire les risques liés aux variations météorologiques ou aux indisponibilités de centrales.  Et plus les gestionnaires de portefeuilles sont synchrones avec les équipes de production, plus ils sont en mesure de multiplier ces opérations d’optimisation.

Un produit 100% renouvelable et indigène

Secundo, la taille critique, ce palier au-delà duquel la compétitivité s’améliore, s’en trouverait renforcée. Intuitivement, on comprend que de gérer les 10 milliards de kilowattheures de la virtuelle Usine Hydroélectrique Valais via des dizaines de sociétés différentes s’avère plus coûteux qu’avec une solution unique. Si la plateforme de gestion commune a accès au « joystick » des centrales valaisannes, elle pourra les coordonner en vue de meilleures synergies industrielles et une plus-value pour la collectivité valaisanne.

L’hydroélectricité en Valais, à 100% renouvelable et indigène, a un intérêt évident à se présenter sur les marchés avec un étalage abondant et diversifié. Comme plusieurs maraîchers qui se regroupent pour vendre ensemble, sur les marchés locaux et régionaux, les fruits et légumes AOP qu’ils produisent. Eh bien, ce regroupement de maraîchers, dans le cas de l’hydroélectricité, c’est la plateforme de gestion et de commercialisation commune. Une véritable de place de marché où peuvent échanger – c’est-à-dire acheter ou vendre – les distributeurs valaisans, les grandes villes suisses et, bien sûr, les producteurs comme les communes concédantes ou FMV.

Une valeur ajoutée pour la communauté valaisanne

Tertio, cette plateforme appartiendrait « naturellement » aux producteurs d’électricité, communes concédantes, mais aussi aux acteurs valaisans et externes, historiques ou nouveaux, et bien entendu à FMV. Les partenaires de l’Usine Hydroélectrique Valais se retrouveraient dans cette plaque tournante de l’énergie helvétique, des Alpes au Plateau suisse. Les échanges estimés pourraient atteindre les 15 milliards de kilowattheures et la plateforme nourrir ainsi des ambitions européennes. Une telle place de marché réunissant producteurs et acheteurs d’électricité amènerait d’importants avantages pour la Suisse en matière de sécurité d’approvisionnement et de transition énergétique. Et pour le Valais, en matière de rentrées financières et fiscales, de création de postes de travail à haute valeur ajoutée ou encore de compétences de haut niveau. Car ensemble, on va plus loin.

Une relation gagnant-gagnant

La Suisse et le Valais se retrouvent dans une double dream-team. Il y a d’une part la complémentarité entre le photovoltaïque intermittent et estival et l’hydroélectricité prévisible, flexible et hivernal. D’autre part les Alpes productrices d’énergie et le Plateau suisse, grand consommateur, sont interdépendants dans une relation gagnant-gagnant.

A RETENIR

La plateforme commune de gestion et de commercialisation de l’électricité produite dans le canton permettrait d’agréger un portefeuille de production très concurrentiel.

La taille critique de la plateforme renforcerait la compétitivité et permettrait de coordonner les centrales pour des synergies industrielles et une plus-value pour la collectivité valaisanne.

La plateforme appartiendrait naturellement aux producteurs d’électricité et permettrait des échanges estimés pouvant atteindre les 15 milliards de kilowattheures, nourrissant ainsi des ambitions européennes.